"Bronx" : où est passée la crédibilité d’Olivier Marchal ?
Sorti le 30 octobre dernier sur Netflix, "Bronx" déçoit par son manque d’originalité. Le septième film d’Olivier Marchal mêle flics et voyous, en oubliant la cohérence.

C’est un soulagement qu’à du ressentir Gaumont, producteur de "Bronx", en apprenant son rachat par Netflix. Il ne méritait définitivement pas d’apparaître sur le grand écran. Dans les quartiers Nord de Marseille, le clan Bastiani orchestre une tuerie. Vronski, flic de la BRI, et Costa, chef douteux d’un groupe de la BRB, sont deux rivaux en charge de l'enquête. Lorsqu'un témoin-clé est assassiné durant sa garde à vue, la situation dégénère. Un retour du classique flics versus voyous qui ne surprendra ni les détracteurs, ni les admirateurs d’Olivier Marchal. Il nous a habitués à mieux. Très loin d’un "36 quai des Orfèvres", l’ancien officier de police semble avoir du mal à se renouveler. Mais cette fois, son long-métrage devient caricatural et insignifiant, tout en manquant cruellement de réalisme.
Un scénario qui tourne en rond
Ce que l’on retient du film ? Une sensation d’épuisement due à deux longues heures lassantes. Trahisons, mensonges, meurtres et chantages ne font que se répéter. Un air de déjà vu qui met en évidence un scénario faible et en roue libre. Marchal y ajoute une overdose de scènes violentes, pour nous éviter une tendance à l’ennui.
Si ce film dépeint à première vue une bande de policiers courageux dont la morale se plie face à la noirceur des brigands, en réalité, "Bronx" ne résout rien. Tout se mélange, tout le monde est pourri, et tout monde se flingue. Bref, ça tire dans tous les sens. Comme le scénario.
À coup de champ/contre-champ ordinaires, l’action omniprésente ne s’empare jamais de l’écran. Et pour cause, tout est toujours dans l’entre-deux. Le mal et le bien. L’orange et le bleu. Si les teintes sombres participent à l’ambiance noire du film, ces deux couleurs le rendent artificiel. Ce choix de colorimétrie, très à la mode sur Instagram ou YouTube, retire ici toute trace d’authenticité aux hostilités marseillaises. Évidemment, ces teintes nous rappellent perpétuellement qu’on est en terrain connu.
Le stéréotype au cœur des personnages
Au vu du scénario, on pourrait au moins s’attendre à des personnages profonds, qui franchissent les limites pour un objectif légitime. Mais dans "Bronx", les personnages sont à peine effleurés en surface. Il est impossible de s’y attacher, ou bien même de retenir leur nom. Certains ne servent à rien, à l’image de Will, responsable d’une atrocité inutile au récit.
Si le casting est plutôt attirant, Lannick Gautry et Patrick Catalifo tentent de limiter la casse. Il y a trop de monde et trop peu de travail sur l’histoire des personnages. Gérard Lanvin et Claudia Cardinale sont venus lâcher trois répliques, Jean Reno n’est pas à son meilleur niveau, et le rôle de Kaaris ne fonctionne pas. Bref, cette bande assez mal accordée à tendance à plomber le film.
Il faut dire que la tâche n'a pas été facile pour ces acteurs. Ils incarnent des personnages clichés gonflés à la testostérone. Les muscles et la pilosité semblent être une métaphore de la virilité pour Olivier Marchal, et donc du courage. Le réalisateur s’enfonce un peu plus dans les stéréotypes en mettant en scène un flic noir tête brûlée, un alcoolique en dépression, un policier discret mais loyal, et un héros rattrapé par son sens moral. Tous constituent une équipe de “bad cops” en blouson de cuir, qui enchaînent les verres de whisky et les cigarettes. Un univers donc régressif, rythmé par les traditionnels “putain”, “enculé” ou “fils de pute”. Marchal nous a habitués à ce style, mais cette fois, c’est mal amené.
Au vu du scénario, on pourrait au moins s’attendre à des personnages profonds, qui franchissent les limites pour un objectif légitime. Mais dans "Bronx", les personnages sont à peine effleurés en surface. Il est impossible de s’y attacher, ou bien même de retenir leur nom. Certains ne servent à rien, à l’image de Will, responsable d’une atrocité inutile au récit.
Si le casting est plutôt attirant, Lannick Gautry et Patrick Catalifo tentent de limiter la casse. Il y a trop de monde et trop peu de travail sur l’histoire des personnages. Gérard Lanvin et Claudia Cardinale sont venus lâcher trois répliques, Jean Reno n’est pas à son meilleur niveau, et le rôle de Kaaris ne fonctionne pas. Bref, cette bande assez mal accordée à tendance à plomber le film.
Il faut dire que la tâche n'a pas été facile pour ces acteurs. Ils incarnent des personnages clichés gonflés à la testostérone. Les muscles et la pilosité semblent être une métaphore de la virilité pour Olivier Marchal, et donc du courage. Le réalisateur s’enfonce un peu plus dans les stéréotypes en mettant en scène un flic noir tête brûlée, un alcoolique en dépression, un policier discret mais loyal, et un héros rattrapé par son sens moral. Tous constituent une équipe de “bad cops” en blouson de cuir, qui enchaînent les verres de whisky et les cigarettes. Un univers donc régressif, rythmé par les traditionnels “putain”, “enculé” ou “fils de pute”. Marchal nous a habitués à ce style, mais cette fois, c’est mal amené.
Des incohérences flagrantes
Visiblement, à Marseille, les policiers roulent tous en Audi RS3. Mieux encore, les Stups conduisent des Chevrolet encore jamais vendues en France. Tout ce beau monde habite au bord de la mer, ou sur un bateau en mode Sonny Crockett. Sérieusement ? Personne n’y croit une seconde. Dans "Bronx", le monde du grand banditisme tire plus vers le “bling-bling” que le subtil et le discret. Les gangsters expérimentés et les flics pourris manipulent les armes sans gants, ne semblant pas connaître l'existence des empreintes digitales.
Visiblement, à Marseille, les policiers roulent tous en Audi RS3. Mieux encore, les Stups conduisent des Chevrolet encore jamais vendues en France. Tout ce beau monde habite au bord de la mer, ou sur un bateau en mode Sonny Crockett. Sérieusement ? Personne n’y croit une seconde. Dans "Bronx", le monde du grand banditisme tire plus vers le “bling-bling” que le subtil et le discret. Les gangsters expérimentés et les flics pourris manipulent les armes sans gants, ne semblant pas connaître l'existence des empreintes digitales.
Comment ne pas rire quand le personnage principal découvre une arme dans la poubelle d’un bar, scène de crime ayant fait neuf victimes quelques jours plutôt. La police scientifique, qui avait pourtant fouillé les lieux, a manifestement oublié de regarder dans le conteneur à ordures. Des incohérences difficiles à avaler. Inutile de mentionner les locaux de la BRI délabrés à l’excès. Voulant se donner un style réaliste, l’ambiance de cave insalubre manque tout de même de crédibilité.
La seule véritable cohérence de ce film est son titre : "Bronx", autrement dit, c’est bordélique. Dès le départ, un détenu sous haute surveillance demande à aller voir sa femme mourante à l’hôpital pendant un transfert. On lui accorde. Il souhaite abréger ses souffrances et demande au policier de sortir de la chambre. On lui accorde. Et puis quoi encore ? Rappelons que les policiers de la BRI n’ont déjà pas le droit faire la causette aux détenus pendant ce genre de trajet. Vous l'aurez compris, dès le début, ça part très mal. Après cinq minutes de film, on a déjà décroché par manque de crédibilité.
La seule véritable cohérence de ce film est son titre : "Bronx", autrement dit, c’est bordélique. Dès le départ, un détenu sous haute surveillance demande à aller voir sa femme mourante à l’hôpital pendant un transfert. On lui accorde. Il souhaite abréger ses souffrances et demande au policier de sortir de la chambre. On lui accorde. Et puis quoi encore ? Rappelons que les policiers de la BRI n’ont déjà pas le droit faire la causette aux détenus pendant ce genre de trajet. Vous l'aurez compris, dès le début, ça part très mal. Après cinq minutes de film, on a déjà décroché par manque de crédibilité.
On souhaite donc au réalisateur à la mécanique enrayée de revenir au plus vite à ses succès passés. Si Bronx n’apporte aucune morale, il a au moins la décence de ne laisser aucun souvenir à sa victime.
Laura Sonilhac
Le 11/12/2020