Tests antigéniques : les pharmacies surchargées de patients
Pour envisager les fêtes de fin d'année plus sereinement, les Français s’accumulent dans les pharmacies. Souhaitant effectuer un test antigénique sous la recommandation du gouvernement, son utilité pourrait bien être remise en question.

Depuis quelques jours, le nombre de cas positifs au Covid-19 augmente en France. Une tendance inquiétante pour les Français, qui se précipitent en pharmacie pour réaliser un test antigénique, autorisé depuis le 30 octobre. La raison ? Le Premier ministre, Jean Castex, conseillant d’aller massivement se faire tester avant les fêtes. Rapides, les tests antigéniques sont de plus en plus demandés. David, pharmacien de 33 ans à la pharmacie Pharmavance de Clamart, a remarqué l’affluence des patients dans sa petite tente de dépistage située sur le trottoir. Dans sa blouse bleue, visière de protection sur le visage, il nous explique le protocole appliqué à chaque test.
Le déroulé du test antigénique
Le principe repose sur une réaction entre antigènes et anticorps. Le prélèvement est nasopharyngé, on insère un écouvillon au fond de la narine pour faire un quart de tour, avant de le mélanger à un solvant. David verse ensuite ce mélange sur une bandelette, qui met 10 à 15 minutes pour sécher. “S’il n’y a qu’un seul trait sur la bandelette, tout va bien, s’il y a deux traits, le patient est positif au Covid-19" affirme-t-il. Avant de donner le résultat au patient, le pharmacien le déclare sur une plateforme nommée SIDEP (Système d’Information de Dépistage Populationnel). Elle permet au gouvernement de retracer les cas-contact en cas de positivité du patient.
Anne, pharmacienne de 53 ans à l’officine Fayolle d’Igny, nous indique la grande différence entre un test PCR et un test antigénique : “le test PCR recherche le virus lui-même, tandis que le test antigénique recherche des particules virales.” C’est la raison pour laquelle les tests antigéniques sont plus rapides. Ils n’ont en effet pas besoin d’amplifier ce qu’ils ont prélevé avec des machines de laboratoire pour identifier le virus.
Des critères d’éligibilité qui varient
“On ne m’a posé aucune question, j’ai juste pris un rendez-vous.” témoigne Elodie, patiente ayant pratiqué un test antigénique à la pharmacie Pharmavance de Clamart, le 17 décembre. Pourtant, Anne, la pharmacienne, affirme devoir poser plusieurs questions à l’accueil des patients : “Il peut y avoir des contrindications au test, comme un traitement aux anticoagulants ou une déviation de la cloison nasale”. De plus, le test peut présenter des risques pour les personnes hypertendues, cardiaques, ou enceintes. Même si l'ordonnance n'est pas nécessaire pour ce genre de tests, il existe donc des critères d’éligibilité, à commencer par l’accord du patient.
“On ne m’a posé aucune question, j’ai juste pris un rendez-vous.” témoigne Elodie, patiente ayant pratiqué un test antigénique à la pharmacie Pharmavance de Clamart, le 17 décembre. Pourtant, Anne, la pharmacienne, affirme devoir poser plusieurs questions à l’accueil des patients : “Il peut y avoir des contrindications au test, comme un traitement aux anticoagulants ou une déviation de la cloison nasale”. De plus, le test peut présenter des risques pour les personnes hypertendues, cardiaques, ou enceintes. Même si l'ordonnance n'est pas nécessaire pour ce genre de tests, il existe donc des critères d’éligibilité, à commencer par l’accord du patient.
L’inconvénient, c’est que ces critères changent régulièrement. Seulement pour les personnes de moins de 65 ans, puis seulement pour les personnes symptomatiques : tous les critères ont été élargis. Soizic Combemorel, pharmacienne à l’officine Filleron de Palaiseau, nous apprend que la profession a reçu une alerte du Conseil de l’ordre, le soir du jeudi 17 décembre. Constatant la forte affluence de patients pour les tests à l’approche des fêtes, il conseille de prioriser les personnes malades, plutôt que les personnes qui veulent aller réveillonner.
Des pharmacies surchargées
Si d'après le ministère de la Santé, 8 500 pharmacies pratiquent aujourd’hui les tests antigéniques en France, nombreuses sont celles qui n’ont pas la place nécessaire. À Palaiseau dans l’Essonne, des pharmaciennes de différentes officines ont pris l’initiative de se réunir dans un lieu commun pour effectuer ces tests. Soutenues par la mairie, elles travaillent depuis trois semaines à l’espace culturel Salvador Allende de la ville. Ouvertes sans rendez-vous, elles avaient l’habitude d’accueillir 10 à 20 patients par jour. Mais depuis cette semaine, elles sont passées au maximum de leur capacité, c’est-à-dire 50 personnes chaque jour.
Si d'après le ministère de la Santé, 8 500 pharmacies pratiquent aujourd’hui les tests antigéniques en France, nombreuses sont celles qui n’ont pas la place nécessaire. À Palaiseau dans l’Essonne, des pharmaciennes de différentes officines ont pris l’initiative de se réunir dans un lieu commun pour effectuer ces tests. Soutenues par la mairie, elles travaillent depuis trois semaines à l’espace culturel Salvador Allende de la ville. Ouvertes sans rendez-vous, elles avaient l’habitude d’accueillir 10 à 20 patients par jour. Mais depuis cette semaine, elles sont passées au maximum de leur capacité, c’est-à-dire 50 personnes chaque jour.
L’organisation y est réglée au millimètre, deux pharmaciennes s’occupent des tests tandis que trois autres s’occupent des résultats. Parmi elles, on retrouve Soizic Colombel : “lorsque le gouvernement a fait son annonce, on a calculé, et si 30 % de la population veut se faire tester avant les fêtes, ça ne sera pas possible, on va être surchargés". Si environ 30 minutes sont nécessaires par patient, elle affirme que leurs capacités sont tout de même légères, car “ce n’est pas leur métier de base”. Résultat ? Une queue d'une trentaine de personnes se dessine devant la salle, nécessitant la présence de vigiles de sécurité.
Des avis de professionnels qui divergent
La fiabilité de ces tests antigéniques a souvent été remise en cause. Selon le Conseil scientifique, le test antigénique pourrait passer à côté d'infections débutantes. Il repose en effet sur deux critères : la sensibilité, égale à 80 % (la chance qu’on détecte le bon résultat) et la spécificité, égale à 99 % (la chance que le patient positif le soit pour le Covid-19, et non un autre virus). On comprend donc la divergence des avis des pharmaciens sur la nécessité de ce test. David, lui, recommande de continuer à se faire tester en pharmacie jusqu’aux fêtes. Anne et Soizic conseillent plutôt de ne pas engorger les officines, à moins de s’isoler complètement jusqu’au réveillon, ce qui leur paraît "impossible".
La fiabilité de ces tests antigéniques a souvent été remise en cause. Selon le Conseil scientifique, le test antigénique pourrait passer à côté d'infections débutantes. Il repose en effet sur deux critères : la sensibilité, égale à 80 % (la chance qu’on détecte le bon résultat) et la spécificité, égale à 99 % (la chance que le patient positif le soit pour le Covid-19, et non un autre virus). On comprend donc la divergence des avis des pharmaciens sur la nécessité de ce test. David, lui, recommande de continuer à se faire tester en pharmacie jusqu’aux fêtes. Anne et Soizic conseillent plutôt de ne pas engorger les officines, à moins de s’isoler complètement jusqu’au réveillon, ce qui leur paraît "impossible".
Ce qui est sûr, c’est que tous recommandent de suivre les indications du gouvernement, de respecter le port du masque et les distanciations sociales, car comme l’a dit Olivier Véran, ministre de la Santé, le test antigénique n’est pas “un totem d’immunité”.
Laura Sonilhac
Le 18/12/2020