La police face à la crise
 
Le 17 mars dernier, un déploiement de 100 000 policiers a eu lieu afin d’assurer les nouvelles règles dues à la Covid-19. Agent responsable de la vidéosurveillance de la police municipale de Massy dans l’Essonne, Régis Le Beaupin nous explique l’impact de cette crise sanitaire sur son équipe.
Avec les nouvelles mesures, comment s'est déroulé le confinement ?  
Ça a été dur à gérer car c’était soudain. On a travaillé en binôme, et on a dû désinfecter les locaux et les véhicules. Sur le terrain, on contrôlait le port du masque, les attestations de déplacement et le respect des files d’attentes des magasins. Le plus dur reste le relationnel : expliquer l’importance des mesures à certains n’a pas été facile. Surtout qu’on a commencé sans les masques. Des personnes que l’on contrôlait nous en ont même donné. Ça s’est fait au compte-gouttes mais tout a fini par se mettre en place.  

La quarantaine était-elle plus difficile dans les logements défavorisés ?
Non justement, on était vigilants. Les patrouilles et la supervision vidéo nous ont permis de voir que dans les quartiers sensibles, le confinement était respecté, même au niveau des points de deal. On ne s’attendait pas à ça mais les gens avaient peur du Covid et du PV. Par contre, il y a eu beaucoup plus d’interventions sur les différents conjugaux. On était complètement submergés et dans notre équipe on l’a subi.

Dès le déconfinement, une vague de protestation contre le racisme et les violences policières a vu le jour. Avez-vous déjà été témoin de certaines de ces violences ?
Récemment, à la gare, où le port du masque est obligatoire. C’était un homme de type africain qui n’était pas masqué. En plein mouvement Blacklivesmatter, il ne comprenait pas le contrôle : pour lui c’était à cause de sa couleur de peau. On devait le verbaliser, donc ça a dérapé. Mais il n’y a pas de violence gratuite chez nous. Si quelqu’un doit être contrôlé, ce ne sera pas en fonction de son origine. On a la chance d’avoir une équipe multiculturelle, sans racisme au sein de notre poste. 

Le terme de “désobéissance civile” a refait surface car les français ne sont pas d’accord avec des mesures prises pour gérer la crise. Etes-vous de plus en plus confronté à des individus refusant de se soumettre à la loi ? 
Pas vraiment, le nombre d’individus à difficultés comme les stups est le même qu'avant. Il y a des incivilités, ceux qui ne portent pas le masque correctement, mais généralement les gens respectent. Lorsque l’on contrôlait les attestations de déplacement, certains venaient d'eux même pour nous les présenter.

Des pistes cyclables ont été mises en place suite à l’épisode de confinement. L’impact qu’elles ont sur la circulation est-il important ?
Totalement. Beaucoup se plaignent car aux heures d’affluence, c’est bouché et ingérable lorsque l’on a une intervention. On doit descendre du véhicule pour faire la circulation. Ça a un impact direct sur nous, et c’est dangereux car les cyclistes ne respectent pas le code de la route. On est conscients qu’il faut partager les voies, mais il y a des aménagements à faire. Ce sont des gros travaux d’infrastructure, mais pour le moment il faut supprimer les pistes cyclables à certains endroits.

Propos recueillis par Laura Sonilhac
Le 04/10/2020
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