Yazid Assoumani : "Je n’ai écrit qu’une blague depuis octobre, mais je suis sûr qu’elle va cartonner !"
 
Si Yazid Assoumani fait encore ses classes, Gad Elmaleh, Jamel Debbouze ou encore Fary, se sont eux imposés dans l’humour grâce au stand up… Cette catégorie de one-man-show consiste à s’adresser directement au public, sans jouer de rôle. Venant des États-Unis, et c’est devenu très populaire en France depuis les années 2000. 
Originaire de Trappes, Yazid, 25 ans, s’illustre dans cet art depuis maintenant 4 ans. Sa particularité : il est professeur des écoles dans la vie de tous les jours. Focus sur cet humoriste au profil atypique.

Vous avez commencé la scène depuis 4 ans et certains vous décrivent déjà comme "le futur de l’humour français". Comment tout a commencé ?
C’est lors d’un concours amateur organisé dans mon université. J’ai toujours été un grand fan de stand-up, alors je l’ai fait pour aimer le moment et m’arrêter. Au final, j’ai gagné le concours et on m’a conseillé de continuer… Alors je me suis lancé. C’est vrai que plein de bonnes choses m’arrivaient, je sentais que je passais un cap, que je rentrais dans le côté professionnel du milieu. Et c’est vrai que le Covid a tout stoppé. J’espère qu’à la reprise tout reprendra.

Après le premier confinement, les salles rouvrent. Comment se passe la reprise après une si grosse pause ?
Je n’ai pas rejoué dès la réouverture. Ma première scène à la reprise, je joue 5 minutes, et j’avais la gorge sèche. Je me sentais plus essoufflé qu’à mes débuts, j’avais perdu l’habitude... C’est là qu’on se rend compte que le stand-up est un sport. J’en ai même oublié mon texte ! Mais je me suis rendu compte que ça m’avait manqué. Par rapport aux masques, j’appréhendais, mais ça n’a pas changé grand-chose. Au final ce qu’on veut capter, ce sont des réactions et des rires. On ne les voit pas, mais on les entend bien. 

Fin octobre, nouveau confinement. Comment avez-vous pris la fermeture des lieux culturels ?
On fait du stand-up, alors forcément, on ne voit que notre monde. On fait la queue dans un magasin, dans les transports, et on n’a pas le droit de faire de la scène ? Pour nous, il n’y a rien de plus important ! C’est vrai qu’on n’est pas essentiel, mais tu te dis que ça ne changerait rien à la situation. Surtout qu’en ce moment, on a tous besoin de rire.

En novembre dernier, vous avez participé à l’émission "Génération Paname" sur France 2. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Premier passage télé pour moi, c’était une expérience incroyable. J’ai des amis avec qui j’ai commencé, et je ne me considère pas comme meilleur qu’eux. Donc ça flatte mon égo d’être le seul du groupe à y avoir participé, mais je m’estime super chanceux. Il y a eu aussi beaucoup de travail, mais je pense que c’est mon profil atypique qui a pas mal aidé.

Justement, vous avez un profil atypique par rapport aux autres humoristes : vous êtes professeur des écoles. C’est quoi votre quotidien ?
C’est fatiguant car je me lève tôt pour l’école, et je suis sur scène jusqu’à minuit parfois. C’est un peu la “Fast Life“. Mais j’adore mon métier, c’est pour ça que j’en parle autant sur scène. Je ne pensais pas que j’en parlerai au début, mais il m’arrivait quelques petites anecdotes que je racontais, et j’ai vu que ça provoquait des rires intenses. On m’a vite identifié comme un “prof-humoriste“. Au final je me sens vraiment authentique à parler de cette partie de moi. 

Est-ce que vous parlez de votre passion à vos élèves ? 
Non, quand je suis à l’école je ne suis que "prof". J’ai toujours peur d’être mal vu. Une fois qu’il y a une complicité avec mon équipe, je parle de cette passion que j’exerce à côté. Et ça se passe bien parce que l’humour, ça parle à tout le monde ! Il y en a même qui pensent me donner des idées de blague, je leur réponds « Merci, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ! » alors que je ne vais jamais l’utiliser. Mais avec mes élèves, je n’en parle jamais : un rien peut les déconcentrer. Sauf que maintenant, beaucoup m’ont vu à la télé ou sur Internet. Il m’arrive de tester sur scène des choses qui ont fait rire les enfants, mais leur humour est très différent de celui des adultes. 

Votre métier vous aide-t-il à mieux encaisser l’arrêt de la scène ? 
Oui carrément. Je m’investis plus dans mon travail et j’y consacre beaucoup plus de temps qu’avant. Je prends plaisir à m’y améliorer de jour en jour. De toute façon, je n’ai pas le choix, je dois patienter. Mais je sais que quand le stand-up reprendra, je saurais y consacrer à nouveau beaucoup de temps. Après, j’ai aussi perdu 10 kilos parce que je me suis mis au sport à côté. Les abdos c’est un rêve ! 

Si ça venait à cartonner dans l’humour, arrêterez-vous d’enseigner ? 
Pour avoir la chance d’expérimenter les deux aspects, je me rends compte que je m’ennuie un peu sans l’un ou l’autre. Évidemment, j’aimerais que ça marche dans l’humour mais idéalement, continuer à être professeur serait génial. Même en faisant des petits remplacements courts, pour rester connecter avec la vie de tous les jours.

Votre métier vous aide-t-il à mieux encaisser l’arrêt de la scène ? 
Avant même de faire du stand-up, je faisais des petites vidéos sur Snapchat. Mais monter sur scène a changé ma perception de l’humour. Je suis vraiment fan de l’ambiance stand-up, et je n’arrive pas à produire du contenu qui me corresponde sur Internet. Je m’en fiche des likes, des abonnés et des rires virtuels. En plus des parents d’élèves me suivent sur les Instagram et répondent à mes stories, ça me fait bizarre ! Je ne ferme pas la porte aux réseaux sociaux, mais je préfère attendre la réouverture des scènes. 

Avez-vous des projets pour la suite ?
J’attends vraiment la reprise pour me remettre à fond dedans. Je n’ai écrit qu’une blague depuis octobre, mais je suis sûr qu’elle va cartonner ! Pour les projets, je voudrais travailler sur l’écriture d’un spectacle. Ça va bientôt faire 4 ans que je fais des plateaux, et l’objectif final c’est le spectacle, même dans une petite salle. Après pourquoi pas un jour La Cigale, l’Olympia, les Zéniths…

Propos recueillis par Laura Sonilhac et Alexandre Lesueur
Le 09/04/2021
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