Composter entre voisins… c’est possible !
 
Les déchets alimentaires représentent 30 % de nos déchets quotidiens. Pour les réduire, l’agglomération Versailles Grand Parc incite à composter ses déchets en accompagnant les habitants. Un service qui commence à séduire, malgré des inconvénients qui en freine certains. 
“Le plus compliqué, c’est de se lancer”. Pour Sandrine, habitante de l’immeuble Saint Louis à Versailles, composter ses déchets n’a jamais été une priorité. Mais depuis que sa ville a installé un bac de compostage collectif en bas de son appartement, la quinquagénaire s’est improvisée jardinière… à ses heures perdues. Avec ses voisins de palier, elle descend chaque semaine au pied de son immeuble, son bio-seau à la main, pour placer ses déchets ménagers dans les trois bacs présents. En France, les déchets biodégradables représentent 30 % des déchets du quotidien. Selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la transition écologique, l’accumulation annuelle de bio-déchets s’élève à 20,2 millions de tonnes. En moyenne, c’est donc 70 kg de déchets organiques qui sont incinérés, par an et par personne. Presque le poids moyen d’un Français. Pourtant, ces déchets sont considérés comme fermentescibles, c’est-à-dire qu’ils peuvent pourrir. D’origine animale (os, excréments) mais surtout végétale (branches, tontes de gazon, feuilles, épluchures ou restes alimentaires), ces ordures ménagères sont compostables. Même certains papiers et cartons usagés peuvent être soumis à ce procédé. Mais le compost n’est pas une pratique sans contrainte. Et pour Sandrine, il a fallu en apprendre tous les secrets. “Je n’aurai jamais pensé qu’il y ait autant de subtilités, il ne faut pas simplement mélanger les épluchures et attendre”. Pas d’agrumes, pas d’oignons ou encore pas d'épices, nous a-t-elle expliqué. Pour connaître toutes ces finesses, ​​cette mère au foyer a été accompagnée par sa commune, mais aussi par l’agglomération… 

Une initiative bien pensée
Pour les résidents de l’immeuble Saint Louis, habiter en appartement n’a jamais été synonyme de compost. Selon le rapport national de l’étude sur le compostage, 9 Français sur 10 qui le pratiquent le font dans un jardin plutôt que sur un balcon. Et c’est justement sur ce point que le compostage collectif permet d’envisager cette pratique au plus grand nombre. À Versailles, cette initiative a vu le jour grâce aux habitants de l’immeuble. Après s’être dirigé vers la municipalité, c’est accompagnés d’Amaury Vignes, élu chargé de mission compostage, que ce groupe de Versaillais a pu déclencher cette demande collective. “Il faut faire un conseil syndical, c’est-à-dire réunir tous les membres élus de la copropriété. Ils doivent ensuite donner à l’unanimité leur accord par écrit à la mairie pour lancer le processus” indique-t-il. Ce processus, il est justement financé par la communauté d’agglomération Versailles Grand Parc. Elle regroupe 19 communes, qui la subventionnent chacune à leur échelle. Mais la principale source de fonds de Versailles Grand Parc, c’est la FCTVA, autrement dit le Fonds de Compensation pour la Taxe sur la Valeur Ajoutée. Ce prélèvement sur les recettes de l’État constitue la principale aide de l’État aux collectivités territoriales en matière d’investissement. C’est donc grâce à cet argent que l’agglomération peut, en lien direct avec la commune, mettre en place ces fameux bacs de compost collectif. Pour commencer, elle met à disposition le matériel nécessaire : composteur, mélangeur de déchets, guide d’information, mais aussi un bio-seau pour stocker ses déchets dans la cuisine de votre appartement. Ensuite, Versailles Grand Parc propose une journée de formation à la gestion d’un compost collectif, ainsi qu’un suivi régulier de l’état des bacs.

Des efforts encourageants…
Depuis le début de cette initiative en 2010, 6 000 foyers de l’agglomération ont été équipés en composteurs, et 33 aires de compostage collectif ont vu le jour. Chaque site est généralement composé de trois bacs de 600 à 1 000 litres chacun, qui permettent d'accueillir l’équivalent des déchets biodégradables de 30 familles. Si la fonction première du compost est la création d’un nouveau terreau afin d’améliorer la qualité des sols et la rentabilité des cultures, le compost pourra aussi, à long terme, devenir une énergie renouvelable comme le biogaz ainsi qu’une nouvelle ressource pour la nutrition animale. Des perspectives importantes, mais qui ne sont pas, pour le moment, la préoccupation principale des habitants de l’immeuble Saint Louis. “Avoir du terreau gratuitement m’a poussé à planter mes propres tomates sur mon balcon” se réjouit Fabrice, membre de la copropriété qui a encouragé la mise en place du compost. Car le fonctionnement du compostage collectif, c’est avant tout un mécanisme circulaire. Les résultats de cette initiative sont directement mis au service des habitants, et des espaces verts de la commune. En plus de réduire l’impact écologique des déplacements des camions poubelles de la ville, cette installation a valorisé le contact humain entre les résidents. “Je ne connaissais pas mes propres voisins, il a fallu que l’on se mobilise ensemble autour d’une même cause pour qu’on se rencontre enfin” précise Sandrine.

… mais insuffisants
Si la plupart des habitants saluent l’initiative, le concept de bacs remplis de déchets en bas d’un immeuble a aussi ses réfractaires. Pour Bertrand, retraité habitant à Saint Louis depuis sa jeunesse, le compostage collectif n’est pas la meilleure des solutions. ”Les odeurs de cet amas de déchets me dérangent, ça attire les bêtes, les rats et les insectes”. Si ce mécanisme circulaire est utile aux habitants de la ville, le problème qui persiste est le développement, à une plus grande échelle, de ce système collectif. Si le compostage de quartier se répand, nous sommes encore loin d’en avoir partout. Mais pas d’inquiétude, vous pouvez très bien le faire chez vous ! Versailles Grand Parc vous offre l’accès à une formation webinaire d’une heure vous dévoilant les secrets du compostage à la maison. L’agglomération vous fournit un composteur, un bio-sceaux et un dépliant pour vous rappeler le mécanisme. 

Laura Sonilhac
Le 18/04/2022
Back to Top