Cambriolage à Paris : l’espoir d’une courte liberté
Dans cette audience du Tribunal de Paris, le jeudi 23 juin, trois voleurs récidivistes espèrent être remis en liberté en attendant leur jugement du 25 juillet prochain. En misant sur leurs problèmes psychiatriques, c’est le talent d’éloquence des avocates qui pourrait bien faire pencher la balance…

« La chambre 6-04 a l’habitude de voir des cas complexes » lance une avocate pour minimiser les actes de son client. Pourtant, à cette audience du tribunal de Paris, le cas n’est pas des plus simple. Trois hommes, trois multirécidivistes, trois cas psychiatriques, trois avocates et un cambriolage dans un appartement du 16earrondissement de la capitale. Voici ce que dresse rapidement la présidente du Tribunal à l’arrivée des trois prévenus dans le box des accusés. M. Montan, tempes grisonnantes, ne sait plus où regarder, comme marqué par la clarté des murs, des lumières, et du mobilier d’un blanc immaculé. Une clarté si opposée à l’obscurité de sa cellule. Aujourd’hui, la séance déterminera si les quinquagénaires resteront en prison jusqu’à leur jugement, le 25 juillet prochain. Les trois mousquetaires du cambriolage ont entre 6 et 12 condamnations sur leur casier judiciaire. Alcoolisme sur la voie publique, association de malfaiteurs, port d’armes, vol aggravé, agression, séquestration… Pourtant empathique sur les précédentes affaires de la journée, la procureure souhaite les laisser en détention
L’art oratoire n’est pas un mythe
C’est l’avocate de M. Outlic qui se lance en premier dans son plaidoyer. Si ses années d’expérience se lisent sur son visage marqué, le ton timide de son discours centré sur les problèmes psychiatriques de son client n’emballe ni la salle, ni les magistrats. M. Outlic, d’immenses yeux perdus dans des lunettes encore plus immenses, reste impassible. L’air absent, il n’est déjà plus là. Au tour de l’avocate de M. Montan. Cheveux coupés droits au carré et ballerines léopards qui dépassent de sa toge, son visage charmeur lui permettrait presque d’obtenir le bon dieu sans confession. Pourtant, dans sa voix, l’assurance n’y est pas. Après avoir étalé les addictions de son client et son suivi psychiatrique en long, en large, et en travers, l’avocate laisse la place à sa consœur, la représentante du dernier homme, M. Siba.
Même assise, son visage froid et son chignon fait à la va-vite dégage une prestance naturelle. Lorsqu’elle se lève, perchée sur des talons noirs d’au moins dix centimètres, la salle ne regarde plus qu’elle. Les va-et-vient s’arrêtent… La concentration du public fait son grand retour. Son plaidoyer, c’est comme le troisième acte d’une pièce de théâtre, celui que l’on attend le plus. Forte du cliché de l’avocate confiante qu’elle représente, elle entame : « Apragmatique, savez-vous ce ça signifie ? » Pleine d’assurance, elle se retourne vers le public, comme convaincue que personne ne saurait répondre. « C’est l’incapacité à aller au bout d’un raisonnement par soi-même, et c’est ce qui a été diagnostiqué à mon client » poursuit-elle. Encore une fois, les problèmes de santé du prévenu seront au cœur du plaidoyer.
Des verdicts différents
Sur le banc des accusés, M. Siba ne parvient pas à dissimuler son anxiété. Courbé sur son siège, les coudes appuyés sur ses genoux, sa bouche a du mal à s’empêcher de mordiller ses doigts. Après 6 années sans récidive, l’homme au crâne dégarni craint que cette rechute ne réduise à néant son travail psychiatrique. « Si je retourne en prison, je ne survivrai pas » clame-t-il d’une voix tremblante lorsque la présidente lui demande de s’exprimer une dernière fois. M. Montan, le visage désespéré par le verdict qui approche, supplie les magistrats de l’amener à l’hôpital. « Non, je n’ai rien à ajouter » murmure M. Outlic, semblant s’être réveillé d’une longue sieste les yeux ouverts.
Une fois l’audience suspendue, c’est l’heure d’énoncer les verdicts. Le stress monte peu à peu dans la salle, tant du côté des cambrioleurs que du public. « Le Tribunal ordonne un mandat de dépôt contre M. Montan jusqu’au 25 juillet » prononce la présidente. L’air confus, l’accusé fait signe de ne pas comprendre. « Cela veut dire que vous retournez en prison Monsieur ! » déclare-t-elle d’une voix agacée. Même sentence pour M. Outlic, toujours sans réaction, comme si l’homme s’était déjà préparé à cette issue. « Le Tribunal ordonne la liberté conditionnelle, avec obligation de soins et de suivi psychiatrique jusqu’au 25 juillet pour M. Siba » conclut la présidente. À peine sa phrase terminée, un cri de soulagement se propage du box des prévenus. C’est M. Siba, les mains couvrant son visage stupéfait. Il se rassoit sur son siège, avant que le bruit sourd de sa chute envahisse la salle. Au sol, le public l’entend convulser pendant de nombreuses secondes avant que le greffier ne se décide à appeler les secours. Autour de lui, les policiers s’agglutinent, puis décident de le ramener au dépôt des accusés. Décontenancée, la présidente du Tribunal finit par suspendre, à nouveau, la séance, laissant le public sur un rebondissement digne d'une scène de film.
Sur le banc des accusés, M. Siba ne parvient pas à dissimuler son anxiété. Courbé sur son siège, les coudes appuyés sur ses genoux, sa bouche a du mal à s’empêcher de mordiller ses doigts. Après 6 années sans récidive, l’homme au crâne dégarni craint que cette rechute ne réduise à néant son travail psychiatrique. « Si je retourne en prison, je ne survivrai pas » clame-t-il d’une voix tremblante lorsque la présidente lui demande de s’exprimer une dernière fois. M. Montan, le visage désespéré par le verdict qui approche, supplie les magistrats de l’amener à l’hôpital. « Non, je n’ai rien à ajouter » murmure M. Outlic, semblant s’être réveillé d’une longue sieste les yeux ouverts.
Une fois l’audience suspendue, c’est l’heure d’énoncer les verdicts. Le stress monte peu à peu dans la salle, tant du côté des cambrioleurs que du public. « Le Tribunal ordonne un mandat de dépôt contre M. Montan jusqu’au 25 juillet » prononce la présidente. L’air confus, l’accusé fait signe de ne pas comprendre. « Cela veut dire que vous retournez en prison Monsieur ! » déclare-t-elle d’une voix agacée. Même sentence pour M. Outlic, toujours sans réaction, comme si l’homme s’était déjà préparé à cette issue. « Le Tribunal ordonne la liberté conditionnelle, avec obligation de soins et de suivi psychiatrique jusqu’au 25 juillet pour M. Siba » conclut la présidente. À peine sa phrase terminée, un cri de soulagement se propage du box des prévenus. C’est M. Siba, les mains couvrant son visage stupéfait. Il se rassoit sur son siège, avant que le bruit sourd de sa chute envahisse la salle. Au sol, le public l’entend convulser pendant de nombreuses secondes avant que le greffier ne se décide à appeler les secours. Autour de lui, les policiers s’agglutinent, puis décident de le ramener au dépôt des accusés. Décontenancée, la présidente du Tribunal finit par suspendre, à nouveau, la séance, laissant le public sur un rebondissement digne d'une scène de film.
Laura Sonilhac
Le 26/06/2022